Clair Obscur : faire la lumière sur notre part d’ombre


C’est dans l’obscurité que je trouve ma lumière. Elle m’est propre. Elle est singulière. C’est une force vive qui naît du chaos, du rien, du vide et de l’inconnu. 

Je voulais l’écrire depuis quelques temps cet article. Les hasards n’existent pas : Vous avez été nombreux à me le réclamer cette semaine et cela aurait pu me suffir. Mais la plume a ses raisons que la raison ignore. J’ai vu une hypnothérapeute et je suis sortie de cette séance un peu changée… Puis j’ai eu une de ces longues conversations bouleversantes et révélatrices avec une personne dont j’ai été ces douze dernières années à la fois extrêmement éloignée et proche et qui habitait encore il y a peu ma part d’ombre. Comme si cela ne suffisait pas, ce week-end est ponctué par les célébrations d’Imbolc, dont la particularité même est de marquer la renaissance de la nature et les prémices d’un printemps un peu lointain, dans un hiver encore bien présent. Les jours se rallongent, la nature se prépare à lancer un nouveau cycle de vie. N’est-ce pas le moment opportun pour se pencher sur sa part d’ombre et de ténèbres afin d’y puiser une nouvelle force, de nouvelles connaissances et une lumière naissante ?

Les ténèbres font peur. C’est une réaction assez manichéenne (le bien, le mal, tout blanc, ou tout noir) qui s’explique et se comprend. Pourtant, chacun d’entre nous a une part d’ombre plus ou moins développée qui ne demande qu’à être explorée. Les psy, les hypnothérapeutes, les voyants, entre autres, savent généralement très bien y fouiller. Mais avec les bonnes questions et les bonnes bases, vous êtes les mieux placés pour vous y enfoncer et trouver votre vérité. Cela n’est pas nécessairement mauvais. Ce n’est pas se complaire dans la souffrance et le négatif. Du moins, une fois qu’on a un peu fait le ménage. Car une part d’ombre non visitée abrite souvent des abstraction (conscientes ou non), des rejets et des dénis mais aussi des souvenirs difficiles ou encore des peurs incomprises. On y trouve souvent la raison profonde d’un déséquilibre. 

On place en lumière ce qui peut-être montré et vu, ce qui est dans la norme et accepté, ce qui est simple et facile à appréhender. L’ombre est plus compliquée à gérer, reflète une dimension plus personnelle et nécessite une introspection qui est parfois difficile à faire sans un petit accompagnement. Certaines personnes ont besoin d’un guide pour les y aider et parfois même les plus expérimentés seront gagnants à en solliciter un. Ça a été mon cas dernièrement. Pratiquant aisément et régulièrement l’introspection, j’ai pourtant été surprise de découvrir et de débloquer des choses en moi avec l’aide et l’accompagnement d’une personne qui pratique l’hypnose humaniste (Marine, si tu passes par là). J’ai trouvé des réponses que je n’attendais pas, via des questions que je ne pensais pas être en mesure de me poser. C’était une séance aussi bouleversante qu’éclairante. J’ai compris pour ma part que certaines de mes réactions, que mon ressenti face à certaines situation, était entaché par des choses enfouies, des souvenirs qui m’ont été transmis, qui n’était même pas les miens. Le simple fait de le comprendre, de l’entendre, d’y songer, a fait disparaître en quelques jours l’ensemble des symptômes qui me gênaient dans mon quotidien. Effet placebo ? Je ne l’exclue pas. Mais le résultat est là. 

L’inconscient fait peur mais est un outil puissant. Y résident votre histoire, vos souvenirs plus ou moins enfouis, ce que vous pensez avoir oublié, et très probablement les bribes de vies et souvenirs, sentiments qui vous ont été transmis. Ce n’est pas magique, c’est génétique. Si le sujet capte votre attention, je vous invite à lire ceci !

J’ai lu il y a peu Rêver L’Obscur de Starhawk. Elle écrit :

“L’obscur : tout ce dont nous avons peur, tout ce que nous ne voulons pas voir – la peur, la colère, le sexe, la douleur, la mort, l’inconnu […]. La question de l’obscur est devenu un voyage. Comment affrontons-nous l’obscur, nous qui sommes au bord de l’anéantissement ? Comment trouvons-nous l’obscur en nous, comment le transformons-nous, comment le possédons-nous comme notre propre pouvoir ? Comment le rêver en une nouvelle image ? Comment le rêver en actions qui changeront le monde et mettront fin aux contres d’horreur, et à la série longue de leurs victimes ? Actions qui feront exister un monde où l’obscur est bienveillant et chargé d’un pouvoir favorable : le pouvoir de l’invisible, le pouvoir qui vient du dedans qui se tient lové dans le coeur de chaque cellule de chaque être vivant, qui est l’étincelle de chaque fibre nerveuse, et la vie de chaque souffle”.

L’obscur, c’est tout ce que l’on ne voit pas. Tout ce qui est caché. Nos pensées, nos souvenirs, le psychique, mais aussi le corps et son intérieur, tout ce qui est en dedans. C’est ainsi que la sexualité et la santé féminine ainsi que la maternité, par exemple, ont nourri et nourrissent encore les peurs, alimentent jugements et craintes. Etudier, connaître, maîtriser, est la base du savoir. Et le savoir, c’est le pouvoir.

Ce que l’on connaît, ce que l’on comprend, ce avec quoi on peut composer, ou du moins que l’on peut appréhender, car on en a compris les mécanismes devient tout à coup moins hors de contrôle, moins effrayant. Certains d’entre-vous l’auront remarqué et s’en seront parfois offusqué, j’ai un grief contre l’Eglise catholique (pas contre la religion, pas contre la foi, vecteurs de bien des progrès, mais contre l’Eglise, l’institution). L’Eglise depuis des siècles rend illégal, indigne, impur, voir dangereux tout ce qu’elle ne connaît pas. La sorcellerie ? On la brûle. Les scientifiques ? On les chasse. L’exploration du corps et du plaisir ? Pas bon, pas bon du tout (ça rend sourd, le saviez-vous ?). La maîtrise de la fertilité, le pouvoir sur la maternité ? Hérésie. C’est dans l’obscurité, dans le chaos, dans l’introspection, que les connaissances et la maîtrise de ces sujets naissent. Et le monde se porterait bien mieux si cela n’avait pas été aussi longtemps considéré comme mauvais par l’Eglise, régente de bien des pensées.

Je parlais justement hier de cela avec Natasha de la chaîne Youtube Occulture, qu’elle tient avec Alexandre, son mari (si vous ne connaissez pas, je ne saurais que trop vous la conseiller, par ici). Ils y parlent de manière extrêmement documentée, sourcée, et intelligente (ça ne mange pas de pain) d’occulte, d’ésotérisme, d’Histoire, de démonologie… J’ai visité leur “Nautilus” hier, comme ils l’appellent. Ce cabinet de curiosités que vous apercevez en fond de leurs vidéos regorge d’objets et de reliques qui éveillent chez la plupart des gens des craintes ou qui représentent un danger. A ma question “Cela ne te fait pas peur d’avoir tel ou tel objet chez toi ?”, Natasha a répondu tout simplement qu’elle a accumulé la connaissance suffisante à leur propos pour ne plus en avoir peur. Une maîtrise du sujet par la science, l’occulte et l’Histoire qui lui permet de chasser toute peur pour ne garder que la prudence, la curiosité, le savoir et donc le pouvoir. 

Je trouve que c’est une parfaite illustration de ce mécanisme que nous pouvons appliquer à nous-mêmes. Nos phobies, nos peurs, nos traumatismes, nos traits de caractères, ne demandent qu’à être compris et étudiés, décortiqués, analysés, pour nous apparaître sous un nouveau jour. C’est un exercice qui n’est pas simple mais dont naissent des forces insoupçonnées et une intelligence nouvelle qui permet d’appréhender le monde, le vivant… et le reste, tout à fait différemment. 

Pour ma part, je suis depuis plusieurs années adepte de cette méthode pour mon développement personnel, pour aider des proches sans même qu’ils ne le décèlent mais aussi pour m’accompagner dans mes pratiques occultes. La sorcellerie et l’occulte n’intéressent et ne touchent, je pense, qu’une faible partie d’entre-vous et ce n’est pas un souci. En effet, ce que j’appelle magie, d’autres l’appellent science, psychologie. Puisez au fond de vous ne vous transformera pas du jour au lendemain en sorcière. Juré, craché. 

D’ailleurs, tout ceci peut vous sembler très flou dans l’application, alors voici quelques pistes, pour explorer votre part d’obscurité :

  • Avec les cartes

J’ai d’ailleurs reçu un Oracle qui vient de sortir très récemment et qui est dédié à cette analyse de l’obscur. C’est l’Oracle des Ombres, de Marion B, à utiliser avec parcimonie, et très bien pensé pour cet exercice. Il vous accompagne dans le questionnement et dans la recherche de réponses plus profondes. Ce n’est pas un outil divinatoire mais plus un support et un vecteur de votre propre pouvoir d’introspection.

  • Via la méditation active ou passive

Si l’on m’avait dit, il y a six ans que je recommanderai un jour la méditation…

Je ne tiens pas en place, le Yoga me rend folle en quatre minutes. Mais j’ai trouvé le moyen de laisser aller mes pensées et de m’y enfoncer petit à petit. En passif, un bain dans l’obscurité, des parfums forts et envoûtants, la lueur d’une bougie. Lorsque je suis trop survoltée, je pars sur une méditation active. Pour ma part, je marche, sans aller nulle part précisément, accompagnée parfois par un peu de musique. Si je le fais assez longtemps, mon esprit se met à vagabonder. A vous de trouver ce qui vous plonge dans un état de transe !

  • Par la discussion 

Evoquer des souvenirs, des sentiments, des difficultés avec une personne de confiance, dans un cadre sécurisé, permet bien souvent de commencer cette introspection ou d’y travailler. Alors que vous formulez les choses pour être compris et entendu de l’autre, votre esprit se met déjà en action, analyse et comprend. Ce sont des conversations très particulières qui passent du coq à l’âne. Laissez-les suivre leur cours. Ne vous formalisez pas si la personne en face passe d’un sujet à l’autre, prend vos récits pour y apporter sa propre expérience. C’est un échange toujours très intéressant même s’il peut s’avérer bouleversant. Vous pouvez aussi choisir d’être guidés : psychologue, psychiatre, sophrologue, hypnothérapeute… J’ai dernièrement fait une séance, comme je vous le disais, avec Marine, chez SAYYA et j’ai adoré l’expérience.

  • Par la lecture 

On parlait de connaissances tout à l’heure. Je ne saurais que trop vous conseiller d’ouvrir votre esprit. Lisez (ou regardez des documentaires, vidéos Youtube, peu importe). Nourrissez votre matière grise d’autres choses que la pensée basique qui nous est imposée à tous par un quotidien très dense et des contraintes matérialistes qui nous restreignent. Tournez-vous vers des manuels, des essais littéraires, la philosophie, des connaissances plus scientifiques sur la nature, le cosmos, votre corps. Contredisez votre pensée et lisez des essais issus de courants rivaux… faites marcher votre cerveau !

J’en suis convaincue, renier sa part d’obscurité, c’est renoncer à une maîtrise insoupçonnée de soi-même. 

Nous faisons partie d’un tout, un tout qui a son fonctionnement et qui exerce une influence et une attraction sur nous. L’héritage génétique, la lune, les saisons, le temps, les cycles biologiques… tout ceci est là. Je préfère le comprendre et m’adapter plutôt que de le subir.

Et vous ? Domptez-vous l’obscurité ?

10 thoughts on “Clair Obscur : faire la lumière sur notre part d’ombre

  1. Coucou Gabrielle, j’ai beaucoup aimé ton article que je trouve très intéressant pour mieux comprendre notre part d’obscurité, l’accepter et l’exploiter au mieux. Je suis très sensible à ce type de sujets et j’essaie de me cultiver dès que je le peux. Je ne m’étais pas rendue compte que mes longues conversations sur des sujets très personnels étaient une sorte de méditation et maintenant que tu le dis, je vois à quel point elles me font du bien et que grâce à elles, j’arrive moi aussi à être bonne conseillère pour mon entourage. Alors merci pour cet article et je t’encourage vraiment à nous nourrir encore avec des thèmes comme celui-ci !

    1. Coucou ! Merci mille fois de passer me faire un coucou par ici ! En effet oui, bien souvent on pratique déjà cette forme de travail et d’instrospection via certaines conversations dont on ressort un peu différents. Et comme tu dis, cela rend apte à rendre cette énergie positive par la suite, en aidant son entourage. Je compte bien continuer à écrire sur ces sujets là. Dernièrement ce n’était pas évident et un peu risqué… mais je vais m’y remettre 🙂

  2. Je suis nouvelle sur ton blog mais je tenais à laisser un petit mot…
    Depuis quelques mois je m’ouvre à un univers qui m’a toujours appelé mais que je n’avais qu’effleuré (merci Sorcière de Mona Chollet). C’est au cour de mes recherches que je suis tombée sur ton instagram puis à présent sur ton blog.
    Je voulais te remercier pour ton travail. Il m’aide à y voir plus clair et à comprendre beaucoup de choses. Des choses qui étaient parfois sous mon nez, que je faisais naturellement ou même que je n’aurais jamais cru être capable de faire.
    Je retourne à ton blog pour continuer de découvrir ton univers en attendant impatiemment ton prochain article!

    1. Merci pour le petit mot ! Cela me touche !
      Je suis vraiment très heureuse que ces écrits touchent et aident d’autres que moi. Et ces retours me donnent beaucoup de force pour continuer mes recherches, réflexions, écrits. Vous donnez du sens à ces partages. MERCI !

  3. J’ai réellement adoré ton article, que je trouve très bien écrit et très clair, sur le sujet du travail de l’ombre. Je pense en effet qu’il est essentiel d’y avoir accès pour évoluer dans notre développement personnel et nos pratiques spirituels.

    1. Merci beaucoup de l’avoir lu, de l’avoir apprécié et d’avoir pris le temps de me le dire. C’est précieux. Je pense aussi que l’accès à l’ombre, et même à nos ombres, est une pièce essentielle et souvent manquante de nos développements personnels !

  4. J’ai réellement apprécié la lecture de cet article. La plume est fluide, elle suit un fil conducteur et est douce et belle.
    En effet, beaucoup de gens ne savent pas réaliser l’introspection, ils en ont peur ou alors ne savent comment ils feront face aux vérités qu’ils vont entrevoir. Pour ma part je n’ai pas besoin de plus que d’être écoutée par une personne de confiance et de lire. Mais je recherche aussi les moments de calmes après la tempête (rien ne vaut une dépense physique sportive pour calmer le corps et l’esprit). J’ai également travaillé sur mon espace de vie, j’avais besoin que celui-ci m’accorde une certaine harmonie et détente dans mon quotidien pour m’y sentir assez à l’aise pour faire le point sans avoir besoin de fuir cette bulle. On peut voir également nombre de gens fuirent leur maison car ils s’y sentent mal… Je l’admets depuis 2 ans, je me suis découverte et je n’ai pas peur de ces « obscurités » qui dorénavant font ma personnalité et sont assumées même si parfois « tabou » en société elles deviennent.
    Je te rejoins également sur le fait que la société et ses grandes institions instaurent des codes, ce n’est ni plus ni moins que de la sociologie de masse… Y adhérer ou devenir un « étranger » car on décide d’être en marge. Tu cites l’Eglise catholique et il y a bien d’autres choses qui codifient les goûts, les couleurs, les modes de vies, les « savoir-être » qui font bien paraitre… Comme toi, je ne dis pas que je n’ai pas la foi mais je pense que chacun doit pouvoir s’assumer pleinement et ça passe par une acceptation totale de soi.

    1. Merci mille fois pour ce retour d’expérience très intéressant !
      Je suis également très touchée par tes mots à propos de ma plume… c’est quelque chose d’important pour moi.
      Le parallèle avec le fait de fuir sa maison est en fait super parlant. C’est tout à fait cela.

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