Tatouée, un an après


Hello vous,

Aujourd’hui je vous parle un peu de moi. Ou plutôt, je vous parle de mon bras. Si vous me lisez régulièrement vous le savez, j’ai une pieuvre tatouée sur le bras gauche, le bras du coeur. Et justement cette pieuvre je l’aime d’amour parce qu’elle signifie beaucoup pour moi en termes de symboliques. Elle a été tatouée, comme griffonnée à l’aiguille pas un tatoueur très talentueux dont je suis les travaux depuis ; Sacha. C’était il y a un an et j’avais envie maintenant de revenir sur ce choix et sur tout ce qu’il a engendré. J’ai régulièrement des questions à ce sujet et je me dis que cet article pourrait me permettre d’y répondre.

Avant toute chose, c’est mon premier tatouage. Peut-être le dernier, peut-être pas. J’ai eu un projet de sirène complètement canon avec la formidable Favry, que j’ai du mettre sur pause pour une raison que je vais expliquer plus loin. Pour un premier tatouage, c’était un bon morceau. J’ai eu mal mais ça n’était pas non plus insurmontable. Je connaissais la finalité à cette douleur et j’ai trouvé le moyen de passer outre pour obtenir ce que je veux. Et c’est là l’un des sens de cette jolie pieuvre justement. Aujourd’hui, un an après, je ne me souviens plus de cette douleur et du temps qui passait très lentement. J’ai même parfois une pulsion étrange qui me donne envie de repasser sous les aiguilles. Pas pour « l’instant », plus pour la finalité.

Tatouée, un an après

J’ai appris à vivre avec ce joli dessin sur mon bras. Mais c’est comme s’il avait toujours été là. C’est en fait et surtout avec le regard des gens que j’apprends à vivre. Regards curieux, amusés, perplexes, scandalisés, admiratifs… je n’ai jamais eu l’habitude que des regards insistants se posent sur moi, encore moins que des inconnus m’abordent sur quelque chose qui touche à mon apparence. Le choc. Non je n’exagère pas. Ça fait vraiment tout drôle. Les échanges que j’aime le plus sont ceux qui touchent le travail du tatoueur sur le dessin et la technique. Les questions sur la signification et le choix du motif me mettent un peu mal à l’aise alors que je suis pourtant tout à fait en mesure de l’expliquer. Mais cela touche à mon moteur, à l’essence même de ma raison d’avancer dans la vie. C’est une chose sur laquelle on ne s’étend pas lors d’une soirée blogueurs ou entre deux tomates cerises à un anniversaire. Enfin, je crois.

Ce tatouage, j’ai appris à l’entretenir, à l’embellir. Un gommage doux par semaine et de la crème matin et soir, sans exception. Cela permet de garder un grain de peau bien net, un trait bien pigmenté et toute l’intensité des gris et sépias  (même si je pense qu’il faudra les repasser, un de ces quatre). J’ai aussi appris qu’il réagissait à certaines choses. Ce dont je ne me serais pas doutée. Je suis allergique au pollen et poils de chat et quand je suis en contact avec eux je n’ai plus seulement les yeux qui piquent mais mon tatouage aussi se met à me piquer ! Lorsque j’ai des semaines très stressantes, tout le haut du tatouage gonfle et me gratte et cela peut mettre plusieurs jours à passer. Enfin, lorsque je vais être malade, je le sais en général 48 heures avant puisque mon tatouage gonfle et devient tout chaud. Comme si la fièvre s’y établissait un peu avant de me gagner. Pratique. Tout ceci ne l’a bien entendu jamais abîmé. J’ai craint à une hypersensibilité à l’encre mais ma dermatologue m’a rassurée : mon tatouage réagit juste comme une cicatrice récente. Rien d’inquiétant. J’ai tout de même préféré attendre un peu avant de faire le deuxième à cause ça.

Tatouée, un an après
Tatouée, un an après

Pour ce qui est de la vie professionnelle, en général je le cache mais il est très voyant et ça n’est pas toujours facile. Je ne me contrains pas et s’il dépasse de ma veste alors tant pis. Je n’ai eu aucune remarque désobligeante des gens avec qui je travaille. C’est d’ailleurs dans le cadre pro que j’ai rencontré les réactions les plus saines : ouverture, curiosité, surprise, compliments. Étonnant non ?

Parfois, j’aime le maquiller ou l’agrémenter. Je n’ai pas voulu de couleurs (et difficile de refuser ça à Sacha qui fait DES MERVEILLES avec les colo’ et dégradés) parce que j’avais une idée plutôt précise et arrêtée. J’ai craqué pour quelques crayons waterproof et hyper-pigmentés d’Urban Decay et j’y ajoute parfois un peu de bleu, parfois un peu de vert, parfois des paillettes, parfois du doré (et le noir + doré, c’est le combo canon, franchement). Je maquille mon tatouage comme je maquille ma bouche ou mes yeux. Une signe qu’il fait partie de moi pour de bon ?

J’ai toujours eu un physique commun et je n’ai jamais pris l’habitude que l’on pose son regard sur moi, que l’on me porte un intérêt fort. J’ai l’impression que ma créativité a été mise en avant et que je suis devenue « digne » d’un peu de curiosité pour certaines personnes qui jusque là n’avaient jamais trop prêté attention à moi. Je me méfie de cet intérêt soudain. Un tatouage ne fait pas de moi quelqu’un de plus charismatique ou de plus assuré. Tout au plus, il révèle un aspect de ma personnalité que je m’étais bien gardée de montrer jusque là. J’ai préféré illustrer ma force de caractère par des actes concrets avant de la poser sur mon bras. J’ai voulu me donner les moyens d’emprunter les chemins qui me semblaient les plus intéressants à défaut d’être les bons avant de porter sur moi le symbole de ces choix. C’est un peu comme si cette pieuvre, ce trophée, je l’avais gagné. Et le nouveau regard des gens, il ne veut pas dire grand chose à côté de mon propre regard sur les chemins parcourus et à parcourir. Personne n’a besoin d’un tatouage pour être digne d’intérêt. Personne ne devrait avoir à se démarquer ou au contraire à entrer dans un moule pour qu’on le juge comme ayant du potentiel. Alors les petites phrases anodines telles que « je ne te voyais pas comme ça », « t’es quelqu’un de fun en fait », « si j’avais su… », et bien elle me font doucement sourire. Je n’ai pas changé, je porte juste désormais la trace évidente de ce que la plupart des gens n’ont pas pris la peine de voir.

Je vais quitter ce ton mélodramatique qui ne me convient pas vraiment, ahah. Je ne sais même pas si le sentiment que je tente d’exprimer est vraiment compréhensible. Je suis preneuse de vos avis sur la question. Tatoué(e)s ou non.

Pour finir sur une note plus frivole, je vais vous exposer un grand mystère que je n’explique pas. Les moustiques adorent mon tatouage et se font un malin plaisir de le piquer. Et ça… S’ils pouvaient éviter ce serait vraiment sympa parce qu’il gonfle avec les piqûres d’insectes et c’est tout sauf agréable. Heureusement que je ne suis pas du genre allergique à tout.

Une chose est certaine, je ne regrette pas. Je ne vois d’ailleurs pas comment je pourrais. Je me sens… au complet. Je ne sais pas si c’est clair et je suis curieuse de savoir si d’autres tatouées ont se sentiment d’avoir été complétées. C’est un sentiment étrange et très satisfaisant.

Voilà voilà, vous savez tout. Si vous avez des questions, n’hésitez pas !

0 thoughts on “Tatouée, un an après

  1. Déjà 1 an ! Je me rappelle quand je l’ai vu pour la première fois (qu’en photo pour le moment), je suis tombée sous le charme et aujourd’hui encore je le trouve toujours aussi beau ! C’est comme une jambe de pirate en plus, il te prévient des mauvaises nouvelles, c’est magique 🙂

    1. AH j’adore la comparaison avec la jambe de pirate ahah, c’est un peu ça oui. C’est rigolo ma grand mère a dit que je ressemblais à un pirate quand elle l’a vu 😉
      Merci pour tes compliments !

  2. Tu expliques tellement bien ton harmonie avec toi même que cela donnerait presque envie de faire pareil… je ne peux qu’acquiescer moi la maman d’un grand fils passionné de tatouage et qui expliquait l’autre jour à Romain son frère la réflexion à avoir sur ce que l’on souhaite vraiment, le regard des autres mais surtout le choix de ce que l’on veux imprimer sur son corps sans avoir à le regretter, à bien réfléchir sur le choix du moment et essayer de se transposer plusieurs années plus tard et ne pas le regretter. En tout cas Gaby ce tatouage te va très bien, il ne ressemble à aucun autre, il est tien 🙂

    1. Le « souci » avec la génération qui s’approche lentement des 18 ans, c’est qu’ils subissent un effet de mode énorme autour du tatouage j’ai l’impression. Il y a encore cinq ans, les mannequins dans les magazines ou sur les défilés n’étaient pas tatoués et les marques d’automobile ne trouvaient pas que c’était une bonne idée de montrer un jeune hipster au volant de leurs bolides. Les choses ont bien changé. Je pense vraiment qu’il y a une chose importante : c’est de savoir ce que l’on veut faire de sa vie. Si un tatouage les force à renoncer à leur rêve alors je me dis qu’il perd tout son sens. Je pense aussi que les années de réflexion sont essentielles. On change tellement entre 16 ans et 20 ans. Alors entre 20 ans et 25 ans n’en parlons pas. Chacun sa vision du tatouage mais je trouve que les plus beaux sont ceux dont le sens a pris le dessus sur l’esthétique. Merci pour ton message qui me fait très plaisir. Tout le monde n’est pas aussi ouvert d’esprit que toi. Pour finir, effectivement, le choix du moment est, je pense tout aussi important que le tatouage en lui même 😉 (et je ne sais pas toi, mais je suis bien contente de ne pas avoir immortalisé mes années lycée sur mon corps ahah)

  3. Mais c’est tellement « tout ça », ce que tu as écris ! Et tellement génial, le passage où tu expliques que tu le maquilles, c’est totalement une partie de toi. C’est ça ! Moi aussi je suis tatouée, depuis que je suis gamine j’en rêvais, sauf qu’au lieu d’un dauphin (encore la mer tu me diras) ou Chipie (oui oui, la marque avec le petit chien), j’ai fais des choix plus réfléchis. Comme le tien :).

    Ils n’expriment rien, enfin je ne pense pas, si ça n’est peut-être un peu ma « force de caractère » (la rebelle qui fait le second parce que ça fait chier tout le monde, c’est moi). Je tourne aussi autour de lamer, je trouve ta pieuvre absolument magnifique ! Il faut que je la voie en vrai de vrai hein !!

    Bref, moi aussi j’ai les regards des gens, autant le bras les gens ne s’en aperçoivent pas, la clavicule, les gens n’ont pas encore eu le temps de voir et la jambe, dès que je suis en jupe ou en short j’ai des regards. Ce qui ne me gène pas, je n’y prête pas attention, sauf quand ce sont des regards insistants, mais vraiment…et pas positifs (du moins on dirait). Au début, c’était très désagréable, maintenant j’en rigole car comme toi, ils font partie de moi, c’est comme s’ils avaient toujours été là, si bien que des fois, je les oublie, ou du moins je ne les perçois plus comme « un plus ».

    Monologue de fou, je sais même pas si tout ce que je dis est compréhensible, je vais aller dormir un bon coup, ahah. A très vite j’espère !

    1. Merci beaucoup pour ton message qui me fait très plaisir ! Je vois ce que tu veux dire concernant les regards « pas positifs ». Je les sens aussi. Je me dis que c’est bête d’y prêter attention mais je ne peux pas m’en empêcher. Après, ça ne me blesse pas.
      A très vite 😉

  4. Salut Gaby!

    Très beau texte :), mais cela ne m’étonne pas de toi!

    Dis, j’ai un petit truc qui je pense devrait fonctionner pour éviter que les piqûres de ton tatouage ne te démangent de trop. Essaye de trouver un baume hélichryse (une plante aussi connue sous le doux nom d’immortelle) dans une para-pharmacie. De mon côté je me fais tout le temps attaquer par les moustiques et j’en ai toujours sur moi et ça marche très bien.

    Bises!

    1. Oh merci Poupette :3
      Merci aussi pour ton commentaire ! Je vais chercher ça ! J’avais essayé la gelée d’Aloe Vera, ça soulage teeeeellement.
      Bises <3

  5. Ton tatouage est vraiment magnifique ! J’en ai un aussi assez imposant au bras et le regard des gens me gêne un peu … mais le pire c’est quand on me demande ce que ça signifie, chose que par contre, je n’ai absolument pas envie de dévoiler car trop personnel, alors je me contente de « j’aime les fleurs et c’est tout ! » (parce que c’est une fleur ^^)

    1. Merci 🙂
      Moi aussi j’ai une phrase toute faite : « j’aime la plancha au poulpe » (venant d’une végétarienne… ahah)

    1. Oui c’est assez rigolo à maquiller !
      J’utilise les crèmes Bath & Body Works qui sont géniale et ne le rendent pas vert ou bleu. Elles sentent toutes divinement bon et la texture est parfaite même en journée.
      Sinon j’aime aussi beaucoup le baume hydratant de Graine de Pastel 😉

    2. Merci pour l’info, je vais de ce pas aller jeter un oeil !
      Malheureusement, j’ai bien peur que tous les tatouages finissent un jour par devenir légèrement bleu ou vert.. xx

  6. Marrant, chez moi, c’est le(s) seul(s) endroit(s) où je ne me fais pas piquer justement ! Au point que je dis souvent que je vais me faire tatouer tout le corps ^^

    J’aime beaucoup ton article et tes pensées, je ne sais pas si j’exprimerai la même chose que toi, mais je pense que je comprends ce que tu veux dire.

    Marrant de maquiller son tatouage, ça ne me serai jamais venu à l’esprit, mais je ne suis pas maquillage du tout alors bon ^^ Niveau gommage tu utilise quoi ? Justement je me demandais si je pouvais en faire, étant donné que j’ai la cuisse tatouée et que ma peau est hyyyyper sèche !

    Très bel article en tout cas 🙂

    A.

    1. Hello Xelou 🙂
      Je le maquille de temps en temps oui, j’aime bien eheh
      Pour le gommage, j’utilise celui de Kiehl’s au Karité qui est très doux et hydratant !
      Belle journée et merci pour tes compliments !

  7. Hey moi aussi je les maquille !! Je mets des paillettes dorées urban decay principalement !
    « Les questions sur la signification et le choix du motif me mettent un peu mal à l’aise alors que je suis pourtant tout à fait en mesure de l’expliquer. Mais cela touche à mon moteur, à l’essence même de ma raison d’avancer dans la vie. » C’est exactement ça pour moi aussi, je me sens toute nue quand on me demande pourquoi ces 2 phrases là.

    1. Je te comprends parfaitement ! Pas toujours évident d’expliquer ce type de choix et pas toujours envie en fonction de la personne que l’on a en face…
      (désolée je n’avais pas été alertée de ton commentaire, je réponds 150 ans après)

  8. Mais c’est tellement ça ! Ta dernière petite phrase résume vraiment tout 🙂 Depuis que je suis tatouée je suis complète ! C’est comme s’il m’avait toujours manqué : depuis que je l’ai je le sens appaisée. C’est même encore plus fort car c’est un tatouage hommage à mon papa et je crois que je n’ai réellement fait mon deuil que depuis que je l’ai et pourtant il m’a quitté en 1999 et je ne suis tatouée que depuis 3 mois !
    Bref merci pour ce très beau texte et ce partage de sentiment 🙂
    Belle soirée à toi

    1. Oh oui je comprends la symbolique toute particulière… le jour où tu as été piquée a du être un moment particulièrement fort… Je crois pouvoir imaginer, même si je n’ai pas fait mon tatouage dans les mêmes circonstances. Merci pour ton passage ici et à très vite 😉

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